
« Qui est au-dessus des lois ? » « Qui est acheté et vendu ? » « Qui est libre de choisir ? » « Qui parle ? » « Qui se tait ? » Ces interrogations percutantes de Barbara Kruger ornent l’antenne du MOCA, le musée d’art contemporain de Little Tokyo, à Los Angeles. Créée en 1990 et réinstallée en 2018, la fresque murale Untitled (Questions) résonne avec une force accrue dans le contexte actuel. L’artiste américaine, à travers ces neuf questions provocatrices en rouge, blanc et bleu (les couleurs du drapeau américain), appelait à la responsabilité individuelle face à la détérioration de la démocratie, notamment sous la présidence de Donald Trump. Elle déplorait alors que ces questions restent tragiquement pertinentes.
Ces interrogations ont pris une acuité particulière le dimanche 8 juin au matin, devant le Metropolitan Detention Center (MDC), une prison fédérale où des détenus attendent leur jugement. Une poignée de manifestants s’y est rassemblée pour défendre les droits des migrants et critiquer la présence de la Garde nationale. Une trentaine de militaires, équipés d’uniformes de combat, de casques et de mitraillettes, étaient postés devant l’établissement, arrivés quelques heures auparavant.
Ce déploiement de force, disproportionné face au faible nombre de manifestants – surpassés par les journalistes et leurs caméras –, a suscité l’indignation. « C’est du pur spectacle, de la provocation », a déclaré Steve, un manifestant souhaitant garder l’anonymat par crainte de représailles. Cette scène met en lumière les tensions persistantes autour de la liberté d’expression et de la démocratie aux États-Unis, renvoyant aux thèmes intemporels explorés par Barbara Kruger. La fresque de Kruger et la scène devant le MDC illustrent la confrontation entre art, politique et droits civiques, soulignant la pertinence continue des questions posées par l’artiste face aux défis contemporains.