
Le secteur de l’aide humanitaire traverse une période de forte turbulence. Eric Gazeau, directeur général de l’association Résonances humanitaires, alerte sur une augmentation significative des demandes de soutien. L’association, active depuis plus de vingt ans dans l’accompagnement des travailleurs humanitaires après leurs missions, observe un doublement des sollicitations depuis janvier, passant d’une dizaine à une vingtaine par mois.
Cette recrudescence s’explique par plusieurs facteurs, notamment le gel des financements humanitaires du gouvernement américain, qui a contraint de nombreuses ONG à réduire leurs effectifs. Les coupes budgétaires mondiales ont un impact considérable sur les opérations d’aide, forçant les organisations à suspendre des programmes et à licencier du personnel. Par exemple, des milliers de personnes au Soudan risquent de perdre l’accès à des services vitaux en raison de l’arrêt brutal des financements américains. [1, 5]
Le travail humanitaire est par nature éprouvant. Les missions sur le terrain, souvent dans des contextes de crise, exposent les intervenants à la misère humaine et à des situations émotionnellement intenses. Eric Gazeau, fort de dix ans d’expérience en Bosnie, au Rwanda et en Afghanistan, souligne que cette « aventure passionnante » mène inévitablement à un point de fatigue, incitant les travailleurs à se questionner sur leur avenir dans le secteur. Des études confirment que les travailleurs humanitaires présentent des risques accrus de problèmes de santé mentale, tels que l’anxiété, la dépression et le trouble de stress post-traumatique (TSPT), après leur retour de mission. [4, 7, 12]
Résonances humanitaires offre un « sas de décompression et de réorientation » crucial pour ces professionnels. L’âge moyen des personnes accompagnées est de 35-40 ans, et 70 % d’entre elles sont des femmes. L’association, créée en 2002 par d’anciens humanitaires, est la seule en France à fournir un soutien direct aux expatriés de la solidarité internationale pour leur repositionnement social et professionnel. [6, 11]
Face à la crise de financement et à l’épuisement professionnel, le soutien aux travailleurs humanitaires devient essentiel pour préserver non seulement leur bien-être, mais aussi la capacité du secteur à répondre aux besoins croissants des populations vulnérables. La reconnaissance de l’expérience et des compétences de ces professionnels est vitale pour leur transition vers d’autres secteurs. [14]